Hier, je crois, ils ont ouvert la fenêtre et depuis tout se noie dans une rivière de blanc. Des millions de fantômes de soleil se déposent sur le bord de mon lit et je sens, lentement, peser sur mes jambes le poids de cette masse nouvelle. Elle est restée ainsi, béante, la nuit et le jour, et je crains qu’elle ne bouge plus maintenant ; j’ai peur qu’elle reste simplement dans son état et que, peu à peu, j’étouffe dans ce flot de débris. Le soir, c’est la lune qui verse dans ma boite close toute la lumière qu’elle ne parvient pas à garder pour elle-même. Il fait noir et je crois voir venir à travers le mur tout ce que l’espace compte d’étoiles, de comètes et de galaxies. Combien me faudra-t-il de temps avant de porter sur la peau nue de mes jambes l’ensemble de l’univers ? J’ai tenté, en vain, de dénombrer les poussières. Mais elles tombent si vite que mon esprit ne parvient qu’à en saisir une ou deux à la fois. Elles sont si densément regroupées qu’il est totalement impossible de chiffrer quelque chose. La voie lactée me bombarde et s’étend dans ma pièce. Je suppose que, bientôt, mes pieds ne seront rien d’autre que des morceaux de matière vagues flottant dans l’immensité. Deux jour encore, sans doute, avant que le fleuve stellaire gagne mes genoux, remonte jusqu’à mon ventre, enveloppe mon torse, ma nuque et mon cou. Mes yeux finiront en satellites globuleux et froids, ma bouche ouverte creusera dans l’espace un gouffre où tout finira et mon crâne courbera le temps jusqu’à ce qu’il se retrouve à l’envers et que tout recommence, encore et encore. Seul avec le balancement des poussières, j’attends. Peut-être viendront-ils, finalement, refermer ma fenêtre et peut-être ne vais-je pas finir dans le silence et la nuit. Je doute pourtant qu’il soit possible de faire quelque chose pour moi. Je suis déjà trop plein d’astres et je sens bien qu’il n’est pas de recours à ma disparition. J’étais sans doute destiné à être contaminé par les nébuleuses et, malade, infecté, je crois qu’il n’est plus temps de me battre désormais. J’ai des constellations plein les murs et je suis entouré de tout ce que fuyais jusqu’ici comme la peste. Personne ne viendra clore les battants de la fenêtre. Personne ne me sortira des lumières. Personne ne se souvient que je suis là.
-
Articles récents
Catégories
Archives
- février 2019
- janvier 2019
- décembre 2018
- novembre 2018
- octobre 2018
- septembre 2018
- août 2018
- juillet 2018
- juin 2018
- mai 2018
- avril 2018
- mars 2018
- février 2018
- janvier 2018
- décembre 2017
- novembre 2017
- octobre 2017
- septembre 2017
- août 2017
- juillet 2017
- juin 2017
- mai 2017
- avril 2017
- mars 2017
- février 2017
- janvier 2017
- décembre 2016
- novembre 2016
- octobre 2016
- septembre 2016
- août 2016
- juillet 2016
- juin 2016
- mai 2016
- avril 2016
- janvier 2016
- juillet 2015
- juin 2015
- mars 2015
- janvier 2015
- octobre 2014
- septembre 2014
- juillet 2014
- avril 2014
- mars 2014
- janvier 2014
- décembre 2013
- novembre 2013
- septembre 2013
- juillet 2013
- juin 2013
- mai 2013
- avril 2013
- mars 2013
- février 2013
- janvier 2013